Du plus loin que je me souvienne, il ne me semble pas avoir vécu une seule journée de ma vie sans avoir été confronté à un paradoxe.
Je ne parle pas de Nabila au salon du livre, ni du frère de Marc Dutroux qui ouvre une crèche en Belgique, non…
Je parle de ces détails de la vie qui font notre quotidien et qui posent un rayon de soleil là où généralement la pluie s’acharne.
Même si mon opticien s’appelle Leborgne ce qui est absolument véridique, ce que j’ai vu hier m’a interpellé.
Je passais devant une église et sur le perron, un couple de jeunes mariés posait souriant sous une pluie de riz Basmati (visiblement c’était un couple indien) pendant qu’une autre famille suivait le cercueil d’un de leur proche qui entrait dans la même église.
Les deux se sont croisés et le jeune marié en regardant le cortège funéraire monter semblait s’inquiéter… Il venait probablement d’enterrer sa vie de garçon la veille…
Bref,
J’ai continué ma route comme chaque jour sans vraiment savoir ce que la prochaine heure me réserverait.
« Jusqu’à là ça va… murmure celui qui se jette du haut d’un immeuble en passant devant chaque fenêtre. »
J’adore cette réplique qu’on doit à Steve McQueen dans les sept mercenaires, j’en ai fait presque une devise.
Depuis que je suis petit, j’ai le sentiment constant de survivre miraculeusement dans ce monde qui me parait de plus en plus étroit. Je viens juste de comprendre qu’il n’était simplement pas à ma dimension.
Je passe mon temps à me cogner partout ! J’ai crié haut et fort toute ma vie que j’étais maladroit avant de comprendre hier que les choses, les objets ou les meubles n’étaient tout bonnement pas à la bonne taille. (Je ne parle pas de mon jean curieusement trop petit depuis que j’ai cessé tout régime)
Faites des couteaux sans lame, arrêtez de mettre des coins aux tables et faites en sorte que les verres rebondissent pour éviter qu’ils ne se cassent quand ils m’échappent.
C’est pas compliqué… Obligé de tout expliquer à chaque fois… C’est pénible.
C’est vrai que je me cogne souvent, mais la plupart du temps c’est à la bêtise que je me heurte.
C’était hebdomadaire, c’est devenu quotidien!
L’idiot gagne du terrain, le con progresse (même si c’est un paradoxe)… Hé oui tout augmente.
Je ne parlerai pas de voisinage même si c’est tentant, je ne parlerai plus de politique non plus, ils n’ont besoin de personne pour se ridiculiser, (à ce titre je réclame l’immunité parlementaire pour les écrivains) mais de ces individus anonymes qui polluent votre journée.
La dame à la caisse qui veut absolument payer avec son coupon de réduction périmé, puis qui met sa carte bancaire mais ne se souvient plus de son code, pour enfin sortir son chéquier mais a oublié sa pièce d’identité et qui se met à trier toutes les pièces de son porte monnaie sans ses lunettes à triple foyer… Pour à la fin se tourner vers vous après vous avoir bien mis en retard et vous dit » Sont pénibles les caissières ! »
Zen…
(Difficile à prononcer avec un cheveu sur la langue… )
Le siècle des lumières est bien loin… En mode eco responsable, il faut dire « le siècle des led basse tension ».
Alors oui dans mon coin je lutte, je rentre en résistance… Je ne dirai jamais les « z » haricots, je continuerai à calculer en francs les prix en euros, et je demanderai aux rappeurs français où ils ont mis la musique? vous savez le truc avec des notes et de la mélodie ?
Non ça vous dit rien… ? (Rapper signifie réduire en miette… C’est tout à fait ça…)
Je ne lacherai rien…
C’est ce que j’ai pensé en voyant mon fils souffler les bougies de son dix-huitième anniversaire. Je contemplais toutes ces années à le regarder grandir s’imprimer dans chacun de ses gestes.
et j’avais envie de lui dire.
Jusqu’à la ça va…