Et parfois c’est plus souhaitable…
Combien de fois je parle d’une chose quand mon cerveau me hurle de me taire… J’ai pris ça pour des Acouphènes, ce n’était que des hurlements…
J’ai cru que j’entendais mal alors que je captais tout… Heureusement que nul ne peut nous entendre penser.
Quel délicieux cauchemar cela serait… Ne plus pouvoir se cacher derrière la parole, cette ombre qui dit « toujours » quand on pense « jamais ».
Entendre l’autre, même s’il est muet.
Ca finirait en pugilat c’est certain! Combien de fois ai-je pensé « non » pour un « oui » prononcé… « C’est beau » quand je trouvais ça moche, « bon » quand j’étais au bord du vomissement, et « Woaaa » pour un « bof ».
Je marche à l’envers, j’avance de travers, je n’ai plus de repères, j’ai beau regarder devant ou derrière… Quand on est seul il ne reste que la pensée… Que la vérité.
Cette voix qui n’est pas tout à fait la nôtre.
La première fois que j’ai entendu un enregistrement de ma voix, je me suis aperçu que celle de ma pensée était différente !
Un vrai choc ! J’avais six ans. Cette voix… Ce n’était pas la même… J’avais du mal à m’écouter parler, cela devenait insupportable… On aurait dit un autre !
Qui aime sa voix d’ailleurs ?
Alors où est la parole ? Comment faire entendre la vraie voix…?
A cet instant je me demande si la voix de la pensée de Céline Dion a aussi l’accent Canadien… C’est stupide mais qu’est-ce que j’aime ça la stupidité… C’est comme les yeux d’une baleine… Elle a tout à la bonne taille sauf les yeux… Je n’ose pas penser à des lunettes pour baleines… Si j’y pense. (Je pense donc je m’égare… Et la taille de l’opticien… Stop !!)
La pensée va tellement plus vite que la parole, quelle épreuve d’être obligé d’attendre la fin d’une phrase, non ?
Tu m’aimes ?
Les phrases courtes sont les plus cohérentes avec la pensée finalement…
Le temps que l’on met à répondre… Ces mille pensées contradictoires qui se bousculent avant de dire… Lundi oui je t’aimais, mais mardi je n’ai pensé qu’à moi, mercredi c’était moyen, mais jeudi pendant trois minutes il n’y avait que toi… Vendredi j’ai pensé à quelqu’un d’autre mais ce n’est pas grave tu sais… Samedi je t’ai oublié et Dimanche j’étais tellement content de te voir.
Qui est capable d’entendre ça?
J’aime la nuit parce que personne ne me voit, parce que mes cicatrices trop visibles maintenant disparaissent dans la pénombre… Parce qu’enfin ma peau n’a plus qu’une seule couleur… Et que le silence donne toute sa place à la pensée.
Comment pense alors les gens qui parlent tout le temps ?
Ont-ils le temps d’entendre la vraie voix?
Chut…
« C’est dans l’ombre que les cœurs causent… Et c’est quand on voit un peu moins les gens, qu’on dit un peu mieux les choses… »
Paul Geraldy.